Les années se suivent et se ressemblent. Comme l’an passé, les charges s’alourdissent, la flambée des prix des énergies, mais aussi celle de l’alimentaire, impactent durablement nos finances. La hausse des dépenses de fonctionnement (+10,6 %) étant plus rapide que celle des recettes (+ 6,4 %), il n’y a pas 36 solutions.
Comme pour tout budget, y compris celui que vous faites peut-être pour votre foyer, on commence par se serrer la ceinture, ce qui a déjà été fait l’an passé notamment avec toute une série de mesures d'économies d’énergie. Puis, on puise un peu dans son épargne, ce qui a déjà occasionné une baisse de 40 % de notre capacité d’autofinancement. Et quand cela ne suffit plus, il faut trouver de nouvelles rentrées d’argent.
Les villes dans lesquelles les taux ont baissé
Drancy, Villepinte, Clichy-sous-Bois, Montfermeil, Sevran, Epinay-sur-Seine, Romainville.
Les 5 villes qui ont le plus augmenté les impôts
Bagnolet (+ 49,06 %), Saint-Ouen-sur-Seine (+ 44,99 %), Pantin (+ 28,24 %), Montreuil-sous-Bois (+ 26,38 %) et Saint-Denis (+ 18,15 %).
Sur cette période, Drancy est passée de la 15e place des villes du département dont les impôts sont les plus chers à la 23e place, témoignant des efforts de gestion de la Ville.
Les grandes lignes
Le budget expliqué
Dans un premier temps, l’État avait octroyé une dotation dite “filet de sécurité” aux collectivités, afin de compenser la détérioration de leur épargne brute. Pour Drancy, il s’agissait de 2,42 M€ en 2022. “Hélas pour 2023, l’État a décidé de fortement resserrer les conditions d’attribution du filet de sécurité, afin de réaliser des économies sur le dos des collectivités locales, explique Anthony Mangin, premier adjoint, chargé des Finances. Avec les nouveaux critères, nous perdons ces 2,42 M€ d’aides face à l’inflation, alors même que nous continuons à subir la hausse des coûts des fluides et énergies" [ndlr : gaz, électricité, eau].
C’est donc contrainte et forcée que la ville a dû se résoudre à envisager une légère hausse des impôts locaux. Afin de combler la moitié de ce manque à gagner : “une hausse de 2,9 % de la taxe foncière et de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires doit permettre de récupérer une recette de 1,2 million d’euros, soit un produit fiscal total de 51,7 millions d’euros”, a-t-il été calculé par nos services. s. Et ce, après 14 années sans augmentation communale, et même de baisse – de 0,5 % en 2019 et de 0,5 % en 2020. À elle seule, la disparition du filet de sécurité (2,42 millions) est deux fois supérieure à l’augmentation des taux adoptée (1,2 million). "Nous avons voulu que celle-ci soit la plus limitée possible. Tout le reste sera absorbé par nos efforts de gestion", indique Anthony Mangin.
Du côté des charges de fonctionnement et des coûts qui explosent, l’énergie se taille la part du lion. En effet, les dépenses d’énergie, en hausse de 3,2 M€, sont en augmentation de 86 % par rapport au budget 2022, la commune n’ayant pas droit au "bouclier énergétique" dont bénéficient les particuliers. L’augmentation des coûts des matières premières se ressent également dans la confection des repas scolaires. Ce poste de dépenses augmente ainsi de 370 000 € (soit + 7,4 %). "À eux deux, ces seuls postes représentent 78 % de l’augmentation de nos dépenses de fonctionnement, souligne le premier adjoint. Rien que sur les augmentations du fait de l’inflation, à savoir celles de la restauration scolaire, du papier, des fournitures de voirie et du contingent incendie principalement, ce sont plus de 5,46 M€ de dépenses en plus qui nous sont imposés". C’est pourquoi, le report d’excédent de fonctionnement de 2022 sur 2023 est 40 % inférieur à celui de 2021 sur 2022, soit à 5 M€ contre 8,4 M€.
Il est important de souligner qu’il n’a jamais été évoqué la possibilité de supprimer la gratuité de la cantine, une mesure à laquelle la Ville est très attachée. Sachant que parallèlement, suite à la refonte de la grille des quotients familiaux, 70 % des familles qui avaient droit à des réductions pour toutes les activités périscolaires, ont désormais droit à des réductions plus importantes. “Nous ne réduisons pas les moyens du service public d’un centime, est-il souligné à la direction générale des services. Et même nous les améliorons dans certains secteurs en devenant une ville plus attractive pour les agents, comme c’est le cas à la police municipale…” De même, la municipalité ne renoncera évidemment pas à son budget d’investissement. D’un montant total de 90 M€, il comprend 47 M€ de dépenses d’équipements nouveaux. Un montant ambitieux, quasiment identique à celui de 2022 (48 M€), en partie financé par un emprunt nouveau de 10 millions d’euros. Mais la dette de la ville restera stable puisque nous remboursons le même montant qu'avant.
Premier poste, les travaux de voirie et de stationnement au sens large, avec la création de 1000 nouvelles places gratuites d’ici fin 2025. Un effort sans précédent qui est le fruit de la concertation menée à l’automne dernier. Le poste des dépenses d’éducation, toujours prioritaires, vient juste ensuite. La Ville poursuivra son programme de réhabilitation et extension des écoles, voire de construction d’un nouvel équipement, sachant qu’un rythme bisannuel est nécessaire compte tenu de la croissance démographique drancéenne. Cette année, ce sera le tour des groupes scolaires JoliotCurie et Pablo Picasso ainsi que Cachin-Jorissen, avec en sus une extension pour la maternelle Jorissen. De plus, les installations de brumisateurs dans les cours de récréation continueront.
Les créations de pistes cyclables se poursuivent également, 3,6 km sont prévus en 2023 : rue des Bois de Groslay, mais aussi sur les avenues Barbusse et Marceau à condition qu’un accord intervienne enfin avec le département. Enfin, parmi les équipements emblématiques, notons : d’abord, la mise en synthétique du terrain de football du stade Charles Sage (1 M€), dont le principal intérêt réside dans une utilisation plus intensive afin de ne plus priver de ce sport près de 400 enfants qui ne peuvent trouver de place dans les clubs. Ensuite, la création d’un espace sportif de proximité de 1 000 m2 dans le quartier de la Mare, une autre face au collège Arhetta Franklin, les travaux de fibre optique et de vidéoprotection, l’aménagement des nouveaux locaux de la police municipale. Ou encore, le remplacement de l’appareil d’échographie du CMS Henri Wallon et la création d’un studio d’enregistrement...
Avec une dette de 147 millions d’euros, et une capacité de désendettement de 12 ans, Drancy garde une situation parfaitement saine. Et ce d’autant plus que près d’un tiers de cette dette (47 M€) est constitué d’un patrimoine que la Ville pourrait vendre. Il s’agit en effet de biens immobiliers locatifs et commerciaux, dont une partie a d’ailleurs vocation à être transférée, dans quelques années, dans les comptes de Drancy Demain, la SEM immobilière actuellement en création et dont la Ville sera propriétaire à 83 %.