En vareuses et paletots
Le président expose au Conseil qu’après l’incendie qui vient d’éclater dans cette commune la semaine dernière, il serait urgent de faire l’acquisition immédiate d’une pompe pour prévenir de nouveaux désastres. (…) Le devis s’élève à 1000 francs
Ce 4 juillet 1852, les membres du Conseil municipal devaient pourtant tous avoir en tête que neuf ans plus tôt, le préfet leur avait déjà demandé de s’équiper d’une pompe à incendie. Ils ne l’avaient pas écouté. Mais, pas plus qu’en 1843, Drancy n’a les moyens d’assurer une telle dépense. Donc, comme toujours, il va falloir faire appel à la générosité du préfet, puisque
la commune ne possède aucune espèce de revenu
La seconde moitié du 19e siècle est bien compliquée pour les villages et les villes : on leur demande de réaliser un nombre grandissant de missions qu’ils n’ont souvent pas les moyens d’assumer. C’est pourquoi Drancy avait jusque-là repoussé l’achat de cette pompe, tout comme elle refusera l’implantation d’autres services, celle d’un bureau de poste par exemple. Quand on n’a pas le sou, on est contraint de déterminer ses priorités.
Équipés de pied en cap
C’est en décembre 1853, que les pompiers volontaires font leur apparition à Drancy. La pompe à incendie est rangée dans un petit local jouxtant la mairie, acquise en 1840, qui était située à l’emplacement actuel du café La Terrasse. Ce sont des ouvriers et des paysans qui délaissent alors leurs occupations pour se mettre au service de la collectivité. Mais encore faut-il qu’ils soient équipés. Et cela, c’est la responsabilité des communes. Pendant un siècle, le conseil devra donc mettre la main à la poche pour assurer ce service, fournir les équipements, habillement, agrès, engins et tuyaux avec ligatures. Elle devra également construire un "gymnase" pour qu’ils s’entraînent, les abonner au Moniteur des sapeurs-pompiers ou encore leur contracter une police d’assurance et une caisse de retraite. C’est bien le moins, d’autant plus que le village de Drancy commence à tranquillement prendre de l’importance et qu’un service contre les incendies devient essentiel. Et presque systématiquement, il faudra demander des subventions pour concrétiser ces décisions.
Ainsi, en 1883, il devient urgent d’acheter une nouvelle pompe, mais cette fois aspirante et foulante. Le Conseil général accordera 1000 francs, pour un coût de 1300 francs.
Au début du 20e siècle, les choses s’accélèrent. En 1904, il est question de faire construire par un charpentier, juste devant la mairie, un séchoir pour les tuyaux. C’est ce drôle d’édifice qui sera immortalisé sur de nombreuses cartes postales d’époque. Mais décidément, en 1909, il est aussi temps de construire une nouvelle remise pour les pompes
en raison de l’état de délabrement dans lequel se trouve celle existante.
Elle sera située
rue de la République, sur le terre-plein, près des écoles.
Véhicules et caserne
En 1927, il faut encore se moderniser, avec l’achat d’une auto-pompe Delahaye débitant jusqu’à 60 000 litres à l’heure, pour 62 930 francs. L’ancienne moto-pompe, achetée en 1923, sera revendue 10 000 francs :
elle n’est qu’une simple remorque, ce qui oblige une perte de temps au moment du départ des véhicules en cas d’incendie
Et il faut toujours habiller les pompiers (vareuses, pantalons, paletots de cuir, casques et képis), sauf que, vers la fin des années 20, le service compte 25 sapeurs, 4 sous-officiers et 3 officiers. L’année suivante, en 1928, une délibération importante sera votée : elle autorise le maire à signer une convention avec les pompiers de Paris. En cas d’incendie important, ils pourront intervenir à Drancy, moyennant 500 francs par voiture. Le rapprochement entre professionnels et volontaires débute.
C’est en 1930 que sera construit un bâtiment que tous les anciens Drancéens ont connu, la caserne de la rue de la République, à l’emplacement de l’ancienne remise, à l’angle de la rue Charles Gide, juste en face de l’actuel commissariat. À proximité, on loge des sapeurs afin qu’ils soient plus réactifs en cas d’alerte. Elle sera en service jusqu’en 1993, lorsque l’actuelle caserne de la rue Salengro sera construite. Mais, entre temps, en 1968, le statut des pompiers drancéens aura changé. Devenus professionnels, c’est une nouvelle ère qui débutera avec la 13e Compagnie.