N’est pas matador qui veut... N’est pas critique taurin qui veut non plus. Ce pourrait être la morale de cette nouvelle d’une vingtaine de pages, La clémence de Titus, jaillie de la plume de Sébastien Ambit. Le proviseur adjoint des lycées de Drancy, en poste depuis 2019, est tombé dans la culture de la corrida dès son jeune âge. “Je suis né à 200 mètres des arènes de Nogaro, la capitale de la course landaise !”, explicite-t-il d’emblée, avec un fort accent toulousain. Et, à 54 ans, il est resté aficionado. Il a eu l’idée de mettre en scène un critique d’opéra, chargé de faire le compte-rendu d’une corrida, un soir de discussion au club taurin de Paris. “Quelqu’un m’a dit qu’on n’a jamais abordé la tauromachie sous l’angle de l’opéra”. Il tenait son idée. Après tout, la feria ne pourrait-elle pas se raconter comme un opéra ? Il y a quelques points communs, à commencer par la foule, qu’il s’est d’ailleurs amusé à décrire longuement.
Déjà finaliste 4 fois
Une consécration que ce prix Hemingway, décerné depuis 2004 par les Avocats du diable, association qui reçoit chaque année de 100 à 350 nouvelles taurines... ”C’est le prix littéraire taurin le plus prestigieux, selon les Espagnols !”, qu’il remporte après 6 tentatives, dont 4 comme finaliste. “Le but ultime, c’est d’être dans les 12 sélectionnés sur les 25 finalistes, afin d’être publié, explique Sébastien Ambit. Le Prix, c’est la cerise sur le gâteau”. Le gagnant repart avec une sculpture d’acier représentant un matador qu’il rendra au prochain concours. Le facétieux détenteur du trophée 2023 l’a déjà prénommé... Ernest, comme Hemingway. Il envisage de le prendre en photo “devant des lieux emblématiques comme Notre-Dame de Paris, les arènes de Nîmes, puis publier un recueil sur le fabuleux destin d’Ernest.” Il raconte avoir écrit la nouvelle d’une traite en une nuit, puis avoir consacré 15 jours à la réécriture et à la recherche de références pertinentes à l’opéra.
Drancy, un poste formateur
“Quand on écrit c’est pour être lu, et, bien sûr, apprécié”, précise cet ex-professeur d’histoire de la ville rose, qui a la bougeotte : il vient d’être nommé proviseur au lycée français de Bamako, au Mali. Il n’écrira pas de nouvelle en 2024. D'ailleurs, on ne peut remporter le prix Hemingway qu’une fois dans sa vie. En revanche, il participera de droit au jury, aux côtés de sa présidente, Laure Adler. Mais l’auteur amateur, qui affirme “détester la littérature triste, comme celle souvent couronnée de grands prix littéraires...”, continuera d’écrire, pour lui-même. Un choix réfléchi, comme celui fait il y a 4 ans, après consultation des postes en Île-de-France : “ J’étais venu pour la finale du championnat de France de rugby, je suis passé à Drancy le dimanche. En découvrant Delacroix, j’ai tout de suite voulu y travailler, confie-t-il. Et je ne regrette pas, c’était très formateur.”