Depuis quand vous intéressez-vous aux finances personnelles ?
Depuis 2008. À 18 ans, j’étais alternante dans un grand réseau bancaire, comme assistante commerciale. Avec mes premiers revenus, j’ai fait les erreurs classiques : tout dépenser en babioles alors que je n’avais aucune charge, vivant chez mes parents. Je n’ai rien épargné. J'appelais les clients débiteurs, j’avais des personnes en larmes au téléphone, ça a créé un déclic chez moi !
Vous écrivez que notre rapport à l’argent est lié à l’enfance, est-ce une règle absolue ?
Tous ceux que je conseille me racontent la même chose : “mes parents ne m’ont pas appris à gérer mon argent”, “j’ai été tellement privée que je me lâche”. On réagit tous par rapport à un vécu. Avant un achat, une bataille se livre entre nos émotions – “c’est beau, je le veux” – et notre raison qui nous rappelle "tu n’en as pas besoin, pas les moyens” !
Quelle est votre légitimité aujourd’hui pour parler argent ?
J’ai une licence en assurance, banque, finance, et depuis juillet, un master de manager de l’assurance. Avec mon métier – conseillère en assurance, puis responsable d’équipe en conseil –, j'ai en permanence ma famille qui me questionne : “c’est quoi le livret A ?”, “comment ça marche l’assurance-vie ?”, “j’ai eu un rejet de chèque, que dois-je faire ?” etc. Amis et famille me disent pédagogue. Ils m’ont encouragée à partager mes connaissances. Alors, j’ai créé un compte Insta en juillet 2021, pensant attirer 500 abonnés.
Vous avez été dépassée par le succès ?
J’ai été surprise ! Le Covid a plongé des personnes dans des problèmes financiers du jour au lendemain, certaines au chômage sans épargne de précaution. Il a aussi changé nos priorités. La conjoncture, l’inflation ont amplifié la problématique. J’entends souvent “j’ai été augmenté, j’ai moins pour vivre”. Mon expertise sur un sujet tabou est devenue hyper tendance.
Si vous deviez donner 3 conseils ?
Primo se confronter à la réalité en scrutant ses comptes, ce que certains ne font jamais. Secundo, se définir un montant maximum raisonnable d’achats mensuels, par postes de dépenses non contraints : nourriture, loisirs, carburant... Tertio, prendre des comptes séparés pour les charges fixes (loyer, factures...) et les charges variables. Cela facilite la lecture.
Vous ne conseillez pas d’épargner ?
L’épargne en découle : elle est prédéfinie en début de mois. C’est “se payer en premier” quand on reçoit son salaire. Dans l’idéal, on épargne 10 % des revenus, 5 % c’est déjà bien, certains vont jusqu’à 20 % placés sur un compte épargne. La motivation ? Projet, investissement, achat immobilier et ne pas être pris au dépourvu au moindre imprévu. La méthode des enveloppes est la meilleure pour bien gérer. Avec la CB, le sans contact, le mobile, c’est de l’argent virtuel dépensé sans compter. Certaines néobanques proposent des enveloppes virtuelles très pratiques.
Aider les autres, c’est votre nature ?
Je fais souvent passer les autres avant moi, on me dit généreuse et je déteste l’injustice. Mes abonnés Insta sont des femmes à 80 %, beaucoup de mamans. La moitié ont moins de 35 ans, mais il n’y a pas d’âge pour s’y mettre. J’ai coaché des retraités.
Votre livre rencontre-t-il le succès ?
Il s’est vendu à 200 exemplaires en un mois, un très bon début. Au point que Larousse m’en a demandé un autre !