Jeunesse

Les jeunes prennent les devants

Les jeunes drancéens ont des choses à dire sur leur quotidien et leurs ambitions. La municipalité et les agents du service municipal de la Jeunesse leur prêtent une oreille attentive. Le premier Printemps de la jeunesse leur donne l’occasion d’exprimer leurs nombreux talents.

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Certains disent volontiers de nos jeunes qu’ils ne s’intéressent plus à rien et ne se donnent plus la peine de réussir. Ce n’est pas la vision de notre municipalité, ni celle des agents de la ville, qui tordent quotidiennement le cou aux stéréotypes et redoublent d’ingéniosité pour leur offrir les moyens de s’émanciper, de s’exprimer et de réussir, adaptés à l’époque. Les constats d’échecs sont à la portée du premier venu, le véritable défi qui s’impose aux responsables publics comme aux associatifs, c’est de proposer des réponses à la hauteur mais aussi d’avoir la capacité de se remettre parfois en question. C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place cette première édition ambitieuse du Printemps de la jeunesse, quelques semaines après la cérémonie des vœux, qui avait rassemblé 600 jeunes issus de tous les quartiers de la ville. Nous n’avons pas la prétention de remplacer l’Éducation Nationale ou l’autorité parentale mais nous souhaitons montrer à notre jeunesse, celle qui ne fait pas la une des faits divers et qui essaie de s’accomplir paisiblement, qu’il n’y a aucune fatalité. Se découvrir un talent, une passion et apprendre, c’est ouvrir en grand une porte sur l’avenir. Nous souhaitons lui offrir cette opportunité et ne cesserons jamais de croire en elle et en ses capacités.

C’est presque un pléonasme puisque la jeunesse est le printemps de la vie, une période généralement fertile en projets, durant laquelle on se sent pousser des ailes et le courage de tenter toutes sortes d’expériences. Monter sur une scène devant un public, participer au tournage d’un court-métrage en font partie. Mais encore faut-il en avoir l’occasion. La ville de Drancy la leur offre.

Permettre à nos jeunes de gagner en confiance

Nous sommes ici au cœur de l’ambition de la ville pour sa jeunesse : lui permettre d’aborder des contrées encore inexplorées et de s’impliquer dans des projets de développement personnel. La curiosité naît de l’expérience, et vice-versa. “Il faut travailler et muscler son état d’esprit, explique Ratiba Ayadi, formatrice en art oratoire, qui coache les jeunes préparant leur épreuve d’éloquence. La première étape est de se sentir légitime : ce que je pense et ce que je dis ont de la valeur. Cela peut être débattu ou contredit, mais je suis à ma place”. Or, au sortir de l’adolescence, la confiance en soi est un précieux atout si elle se conjugue avec un regard objectif sur ses propres capacités.

On comprend donc que, pour la municipalité, il ne s’agit pas d’occuper quelques jeunes durant les vacances, mais de leur montrer que ce qui peut paraître extraordinaire est à leur portée, à condition de s’en donner la peine. Il ne s’agit pas plus de découvrir dans leurs rangs les futurs acteurs, scénaristes, avocats ou rois du stand-up, mais bien de les aider à libérer leur énergie positive et créative.

S’exprimer en public

Trois ateliers ont donc été mis en place. Le premier, qui concerne l’éloquence, rassemble une dizaine de jeunes scolarisés en 1re et terminale. “Il ne s’agit pas d’une compétition, explique leur coach. Le grand thème sur lequel je leur propose de s’exprimer est Jeunesse et liberté. J’ai toute confiance en eux pour qu’ils trouvent le point qui fait sens pour eux, leur propre vision de l’éloquence. Je les ai fait travailler sur deux textes : le discours d’Albert Camus lors de la réception de son prix Nobel en 1957 et celui de Gwynplaine, dans L’Homme qui rit de Victor Hugo”. Ratiba l’explique elle-même, elle est très exigeante avec ses jeunes orateurs. Pour qu’ils puissent laisser jaillir leur éloquence, mercredi 15 mai lors du concours organisé au sein de l’Hôtel de ville, certes, mais aussi pour qu’ils abordent avec confiance le grand oral du baccalauréat. Tout ce qu’ils entreprennent durant ce Printemps doit avant tout leur servir dans leur quotidien. Les jeunes participants ont unanimement salué cette initiative municipale.

Seul en scène

Pour sa 3e édition, le Drancy comedy club s’apprête à remonter sur les planches et c’est ici d’une autre forme d’éloquence dont il est question. Le but est de faire rire son auditoire, grâce à la qualité du texte préparé à l’avance, mais aussi à sa présence scénique. Or, la communion avec le public n’est pas une science exacte. Elle est même parfois obscure et le risque de faire un bide n’est pas à négliger. Pour un adolescent, c’est mettre sérieusement en danger son amour-propre. Alors admirons ces six jeunes drancéens qui vont monter seuls en scène, face au public, mais surtout face à eux-mêmes. Pour les aider, après les deux premières éditions en compagnie du regretté Wahid Bouzidi, c’est Farid Chamekh qui prend la relève. Ce comédien et humoriste, qui a fait une partie de ses classes dans le Jamel comedy club, dont il est le maître de cérémonie depuis 2021, a beaucoup à apporter à nos jeunes talents, tant dans la science de l’écriture que dans la prise de parole.

Un court qui en dit long

Le 3e événement proposé lors de ce Printemps de la jeunesse est la présentation d’un court-métrage suivie d’un débat. Ce sont des jeunes drancéens qui ont proposé le sujet, écrit le scénario et joué les acteurs pour l’occasion. Il s’appelle Rixe et traite des violences inter-quartiers. “Ils ont plein d’idées très pertinentes, explique Jon Bensimhon, réalisateur de clips et de documentaires (il vient d’en réaliser un sur le basketteur Rudy Gobert). Mon travail, c’est de les mettre en ordre. Ils ont envie d’apprendre, posent plein de questions. L’expérience est sympa pour eux, surtout qu’ils ont grandi dans un milieu où tout est image. Ils comprennent les codes très vite, pour eux c’est très naturel. Ils n’ont pas la base théorique, mais à l’instinct, ils sont très naturels”.

Ne nous y trompons pas, ce court-métrage n’est pas du tout une apologie de la violence. Loin de là. Il s’agit plutôt d’une invitation à la réflexion quant à l’absurdité des rixes et sur les conséquences dramatiques qu’elles peuvent avoir pour des familles. C’est pourquoi, à l’issue de sa projection, un débat sera organisé autour de ce thème, notamment en présence d’Adama Camara, un jeune homme condamné à huit ans de prison pour avoir vengé la mort de son frère et qui, désormais, se bat sans relâche contre la logique stérile de la violence. Ses paroles seront fortes et pleines de sens.

Ce 1er Printemps de la jeunesse en appellera d’autres. Forts de cette expérience, la ville et le SMJ écouteront avec attention toutes les remarques et suggestions qui leur seront faites. Soyons-en assurés, les jeunes drancéens ont plein d’idées. Il suffit de les écouter.

 

La bande originale du court-métrage