Il y a 4 ans, le confinement faisait l’effet d’un détonateur. Faute d’équipement informatique, de nombreux petits Drancéens ne pouvaient suivre l’école en ligne. Dès la rentrée 2020, la municipalité a donc fait le choix d’équiper d’une tablette tous les élèves scolarisés en élémentaire, du CP au CM2. Un investissement de plus de 2,5 M€ pour plus de 5 500 tablettes et la formation associée des enseignants. “La technologie se met au service des apprentissages et de l’égalité des chances, explique le maire, Aude Lagarde. Nous avons cerné cet enjeu bien avant l’État et l’Éducation Nationale, qui aujourd’hui s’inspirent de la politique que nous menons à Drancy et dont les résultats sont particulièrement prometteurs.”
La municipalité travaille en lien étroit avec les directions d’écoles, les enseignants et l’Éducation Nationale pour favoriser la réussite des écoliers et l’apprentissage par le jeu. Elle a pour ce faire recruté un coordinateur et un apprenti numérique, notamment chargés de former et d’accompagner les équipes pédagogiques qui le souhaitent, à l’utilisation des tablettes. Drancy est d’ailleurs l’une des trois seules villes de France à avoir mis en place une journée de ressources numériques à destination des enseignants et des directions d’écoles. Une démarche particulièrement appréciée.
La tablette, un outil précieux
J’ai reçu la tablette en CP en 2020. Au début on l’a très peu utilisée sauf pour jouer, mais désormais, je m’en sers tous les jours car on peut tout faire avec. Cela va des recherches en histoire et géographie ou en éducation morale et civique, jusqu’à la lecture, en passant par les maths et même les arts visuels. Nous avons par exemple cherché l’inspiration pour créer un animal imaginaire à partir du rhinocéros. Pour moi, c’est bien plus pratique qu’un livre, car on peut surligner les passages intéressants, on a un dictionnaire directement dans la tablette... D’ailleurs on a même fait un rallye lecture en ligne l’année dernière. Avant, j’avais aussi appris à écrire les lettres cursives avec le doigt. À la maison, je m’en sers pour faire des recherches sur Google et pour jouer en maths avec les jeux 120 secondes et calcul@ TICE qui m’aident à connaître mes tables et être forte en calcul mental. Je pense que grâce à la tablette on a abattu moins d’arbres que pour fabriquer des livres !
Nadjet, sa maman est également ravie.
À partir du moment où elle sait parfaitement écrire dans ses cahiers et faire des recherches dans un dictionnaire papier, je pense que c’est que du bonus pour plus tard de maîtriser la tablette. C’est un premier accès à l’informatique et un bon outil quand il est utilisé à petites doses et à bon escient comme c’est fait en classe et par Camille à la maison. C’est vrai que je n’aurais pas acheté de tablette moi-même et que je suis très heureuse que la ville en ait offerte une.
L’avantage avec le jeu éducatif, c’est que les enfants, focalisés sur les personnages et défis, ne se rendent pas compte qu’ils apprennent. “Aborder une grande variété de savoirs de manière ludique tout en les replaçant dans leurs contextes, c’est la magie du jeu. De cette magie naissent le sens et l’envie d’apprendre”, vantent les créateurs de PowerZ, un jeu qui se pratique durant l’étude à l’école Diderot 1. C’est en entendant leur pitch à la radio que le directeur, Romuald Ropars, a été conquis, il y a 3 ans : “C’est un écran qui a du sens qui ne transforme pas les enfants en zombie, au contraire, cela les amène à développer des compétences transversales”. Le maire, particulièrement impliquée sur les sujets éducatifs, a accepté de tenter l’expérience immédiatement.
Durant 40 minutes après les devoirs, les élèves du CE1 au CM2 inscrits à l’étude travaillent par groupes d’une douzaine en vocabulaire, calcul mental ou histoire-géographie avec PowerZ. Des progrès sont-ils visibles de retour en classe ? “Ils sont à l’aise avec des choses problématiques pour les autres enfants comme savoir localiser un continent, un pays, une capitale”, poursuit le directeur. La ville entend maintenant développer deux études numériques dans les écoles Jean Macé et Jules Ferry. PowerZ évolue en permanence selon le retour des enfants et des équipes enseignantes associées au projet. Les écoliers se rendent aussi par petits groupes au siège du développeur du jeu. “Un pur moment de bonheur”.
La municipalité veille aussi à ce que tous les jeunes drancéens soient sensibilisés à l’usage d’Internet avant leur entrée au collège. Ainsi, près de 10 000 d’entre eux ont déjà obtenu leur Permis Internet en CM2 depuis 2017. Élaboré par le ministère de l’Intérieur, la police et la gendarmerie, les différents modules permettent aux jeunes de prendre conscience des dangers de la Toile et de leur enseigner les précautions à prendre pour évoluer sereinement sur cette autoroute de l’information.
La tablette est tellement prisée que de plus en plus de directions d’écoles en demandent à la ville à chaque rentrée scolaire. Romuald Ropars, directeur d’école à Diderot 1, ne tarit pas d’éloge sur l’outil : “Le rôle du pédagogue est d’être un magicien pour les élèves en faisant disparaître les peurs pour révéler les compétences, et à cet égard la tablette est une baguette magique !”. Avec ses multiples appli ludo-éducatives, elle permet un enseignement différencié en fonction des profils d’élèves, un travail collaboratif et facilite la correction par l’enseignant. Et pour se connecter, rien de plus simple puisque la ville a généralisé les bornes wifi dans les établissements scolaires.
Avec trois années de recul, à Diderot, l’utilisation de la tablette a été repensée et ritualisée 15-20 minutes par jour. Elle apparaît en fin de CP-début de CE1, “afin d’ancrer l’usage du livre auparavant”, et surtout pour 3 applications majeures : Sondo, facilitant la lecture y compris pour les enfants dys ; Scratch Jr pour le codage et TouteMonAnnée en tant que blog école, cahier de texte et lien avec les parents. Et, bonne nouvelle, les enfants sont soigneux, puisque la ville constate très peu de casse : 4 % parmi les retours des ex-CM2. Pour mémoire, il est demandé une compensation financière aux parents, en cas de casse (100 €) ou de perte (170 €).
De nouveaux écrans pour favoriser l’apprentissage
La municipalité équipe progressivement les 240 salles de classe d’écrans numériques interactifs (ENI) qui remplaceront progressivement les tableaux numériques interactifs (TNI), installés il y a dix ans déjà. Un matériel plus sophistiqué, maniable et fiable. Livrés sur support à roulettes, les ENI se déplacent aisément. “Ils sont bien plus simples d’utilisation, fluides pour passer d’une matière à l’autre et extrêmement lisibles de n’importe quel endroit de la classe”, rapporte Romuald Ropars. Imaginez-vous une tablette tactile géante, avec la qualité audio d’une télé. Le prof y branche un PC pour afficher tout type de document. S’il souhaite envoyer les élèves au tableau, ils y écriront avec un stylet. En 2023, 40 ENI ont été livrés à titre de test, dont 3 en maternelle (S. Veil, S. Bronsztein et P. Langevin). 40 autres seront installés en 2024.