Santé

La municipalité, engagée dans la lutte contre la désertification médicale

Alors que l’Île-de-France est le premier désert médical du pays, Drancy œuvre sans relâche et par tous les moyens pour maintenir une offre de soins de qualité. Cela passe par la création de maisons de santé pluridisciplinaires telle que celle inaugurée, le 9 mai, mais aussi par une politique volontariste dans les CMS et de nombreuses actions de prévention santé.

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Comment la Ville lutte-t-elle concrètement contre la désertification médicale ?

La désertification médicale est une préoccupation majeure car notre ville n’est pas épargnée par ce phénomène et la pénurie de médecins peut avoir des conséquences négatives sur les parcours de soins des Drancéens. Pour éviter ces ruptures, la municipalité a lancé une campagne de recrutement de médecins et de spécialistes mais a aussi décidé de revaloriser les médecins des centres municipaux de santé, afin d’en renforcer l’attractivité.

Quels sont les projets ?

Les 5 centres municipaux de santé seront progressivement rénovés et le centre dentaire Paul Vaillant-Couturier trouvera sa place dans les nouvelles constructions de l’îlot des 4 Routes, permettant ainsi le recrutement de nouveaux médecins généralistes et spécialistes. La Ville et l’OPH engagent des fonds importants pour permettre l’accueil de centres médicaux et paramédicaux comme c’est le cas aujourd’hui à plusieurs endroits de notre ville.

Quels sont les outils dont la Ville dispose ?

Il faut signaler l’importance des actions de prévention santé. La municipalité et son service « Politique de la ville » ont mis en place des programmes de prévention pour encourager les Drancéens à adopter des modes de vie sains permettant d’éviter un certain nombre de pathologies. Nous subventionnons de nombreuses associations oeuvrant dans le domaine de la prévention comme les Fleurs d’Aurore ou Vie Libre. De plus, en 2021, la Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS) a vu le jour. Elle regroupe trois villes : Drancy, Le Blanc-Mesnil et Le Bourget. Son but : la coordination de tous les acteurs du territoire, publics et privés, pour mieux répondre aux problématiques et faciliter l’exercice des professionnels. Des partenariats ont aussi été établis avec des mutuelles pour garantir que les soins de santé restent abordables pour tous. La lutte contre la désertification médicale est un défi à long terme et auquel toutes les villes de France doivent faire face. Nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec les écoles de médecine et les hôpitaux de la région pour fidéliser et recruter de nouveaux médecins et spécialistes.

Et de trois ! Le quartier de Paris Campagne compte maintenant une maison médicale flambant neuve. Elle se situe au pied du pont du Bourget, dans la résidence des Acacias, à proximité de la PMI. Vous avez la possibilité d’y retrouver 5 médecins généralistes, un cardiologue et 3 infirmiers. "Dans un contexte de difficultés d’accès aux soins, Drancy, classée en zone d’intervention prioritaire par l’agence régionale de santé (ARS), arrive à maintenir une certaine attractivité pour les médecins libéraux, constate le Dr Olivier Barclay, coordinateur des centres municipaux de santé. De même, la récente revalorisation salariale des médecins des CMS, décidée par la municipalité, participe au maintien d’une bonne offre de soins sur le territoire. Nous sommes très sollicités pour des soins urgents". Forts d’une quinzaine de médecins, les CMS accueilleront ce printemps plusieurs nouveaux praticiens : un jeune généraliste, un médecin de la douleur, un échographiste-doppleriste et un ostéopathe.

Les maisons médicales et de santé sont une bonne manière de lutter contre la désertification médicale qui touche toute l’Île-de-France et la Seine-Saint-Denis. Parmi les causes de la pénurie, la baisse du nombre de médecins liée aux effets du numérus clausus (limitation du nombre d’admis en première année de médecine) : en 2019, 38,5 % des généralistes étaient âgés de plus de 60 ans, et toutes spécialités confondues, 1 médecin sur 3 était sexagénaire.

Récemment, l’Union régionale des professionnels de santé a tiré la sonnette d’alarme : "la pyramide des âges des médecins libéraux en exercice est alarmante. Plus de la moitié des médecins ont plus de 60 ans, ce qui laisse présager de nombreux départs à la retraite dans les années qui viennent". Pour autant, ces départs ne sont pas compensés par l’arrivée de jeunes diplômés. "Cela restera très tendu jusqu’en 2030 et l’arrivée de nombreux diplômés, nous dit l’ARS. Résultat, les délais d’attente pour un rendez-vous s’allongent, on a des médecins avec des patientèles énormes et les nouveaux patients ont du mal à trouver un médecin référent", précise le Dr Barclay.

Cette pénurie est d’autant plus problématique que la population est vieillissante et donc exposée à davantage de pathologies. Selon l’Insee, les plus de 60 ans représentaient 17,4 % de la population drancéenne en 2019.

Selon l’Observatoire des territoires, on compte 59,3 médecins généralistes pour 100 000 habitants dans le 93, contre 80,3 dans la Métropole du Grand Paris.

À Drancy, le dernier recensement fait état de 53 médecins généralistes pour environ 70 000 habitants, soit 69 médecins pour 100 000 habitants, donc un peu mieux que l’ensemble du département.

Pour attirer de nouveaux médecins, le CMS accueille régulièrement des étudiants en médecine afin de les fidéliser,"cela nous a permis d’en recruter deux récemment, un permanent et un remplaçant", poursuit-il. Enfin, la Ville achète des locaux au rez-de-chaussée d’immeubles neufs afin de pouvoir y installer des cabinets médicaux, comme ce pourrait être le cas dans l'immeuble en construction dans le quartier de l'Économie, à l’angle du Chemin Latéral et de la rue Morin. "Il s’agit de coques vides que nous aménageons spécialement pour accueillir des cabinets médicaux et que nous louons à des groupes de médecins", explique le responsable du service Foncier de la Ville.

C’est ainsi que la Ville a favorisé l’implantation d’un orthodontiste au 79 avenue Henri Barbusse ou encore l’installation du cabinet situé au 34 avenue Marceau qui regroupe une podologue, une infirmière, une sage-femme et, prochainement, nous l’espérons, un généraliste. "Pas étonnant que Drancy soit si active, Jean-Christophe Lagarde était l'un des premiers à se mobiliser. Vous pouvez être fiers qu'Aude Lagarde poursuive ce combat", a indiqué Farida Adlani, vice-présidente de la Région chargée de la santé, des solidarités et de la famille à la Région Île-de-France.

Santé : 20 années d’engagement de la municipalité

Ces deux dernières décennies, la municipalité a œuvré sans relâche au maintien d’une offre de soins variée et qualitative en ville. Rappel des principales réalisations.

"Il y a vingt ans, grâce au soutien de la municipalité, nous avons réussi à maintenir les CMS malgré un contexte difficile de disparition des gynécologues, des radiologues, des pneumologues, des pédiatres, des cardiologues ou encore des ophtalmologistes", se remémore le Dr Gérard Aoustin, autrefois directeur de la politique santé de Drancy. De même, nous avons participé à la revitalisation de deux PMI départementales que nous avons municipalisées et installées dans des locaux adaptés, notamment rue Sadi Carnot."

Dans un contexte national de recul de l’offre de soins de proximité, Drancy a été précurseur en créant une Maison médicale de garde qui offre aux Drancéens la possibilité de se faire soigner tard le soir, le week-end ou les jours fériés.Cette dernière est installée au 19 avenue Henri Barbusse, au rez-de-chaussée, dans les 2100 m² de la Maison pluridisciplinaire de santé, créée en 2014.

"À Drancy, nous avons été parmi les premiers à faciliter le regroupement de médecins, anticipant ainsi le souhait des nouvelles générations de professionnels de santé, raconte encore Gérard Aoustin. Nous avions commencé par le centre d’imagerie médicale et nous nous sommes battus auprès de l’Agence régionale de santé (ARS) pour obtenir d’abord un scanner, puis un appareil d’IRM, poursuit-il. Et nous y avons ensuite regroupé une trentaine de médecins spécialistes".

Par ailleurs, tout le premier étage est occupé par un centre dentaire dernier-cri. Le principe de la Maison médicale est autant plébiscité par les praticiens que par les patients. Les premiers peuvent y exercer en libéral en mutualisant leurs services et matériels avec des confrères tandis que les patients profitent d’un espace regroupant plusieurs praticiens à une seule et même adresse. Cette proximité entre les professionnels de santé permet de faciliter le parcours de soins de nombreux patients.

En 2014, sous l’impulsion du député-maire Jean-Christophe Lagarde, un centre d’auto-dialyse fonctionnel et moderne a ouvert ses portes au 1 avenue Henri Barbusse, offrant ainsi un service de proximité aux personnes souffrant d’insuffisance rénale. Face à la très grande demande, il a été agrandi en 2017 et permet à 60 patients de bénéficier, au plus près de chez eux, de ce suivi médical particulièrement contraignant. Sa proximité avec la Maison de santé pluridisciplinaire permet, là aussi, une prise en charge complète des patients. "La politique de santé menée ces dernières décennies a permis de maintenir la présence de nombreux spécialistes, de renouveler le parc d’appareils de radiologie et de développer une offre en ophtalmologie", synthétise le Dr Aoustin.

Drancy a mené campagne sur de grands sujets de santé publique : saturnisme, nutrition, cancers, toxicomanie, alcoolisme, audition, violences conjugales... Ces thèmes ont été abordés auprès de tous les publics avec une attention particulière pour les plus fragiles. De plus, "des programmes de prévention spécifiques ont été créés pour les maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension, l’obésité, la prévention du cancer du sein", explique le maire, Aude Lagarde.

Dans les quartiers Avenir Parisien, Village Parisien, Économie - Les Oiseaux et Gaston Roulaud - Salengro, un atelier «santé-ville» a été mis en place avec l’État afin de mener des actions au plus proche de la population, avec cette année, un focus sur les jeunes enfants et les adolescents. En matière de prévention, 3 principales actions sont menées. D’abord, la possibilité de consulter un psychologue à la Structure info jeunes, deux mercredis par mois. Ensuite, des opérations de prévention aux addictions au collège Aretha Franklin (conduites par l’association Addictions France).

Enfin, à la Maison des parents, des rendez-vous de sensibilisation à l’obésité infantile et au développement psychomoteur des enfants de 0 à 6 ans. Ces séances mensuelles ont débuté en mai et se dérouleront pendant un an.

À ces opérations pérennes, s’ajoutent des actions ponctuelles, notamment sur le marché, de sensibilisation sur le cancer, la malnutrition, les problèmes d’audition ou de vision. "Elles sont souvent accompagnées de dépistages car cela est très apprécié du public, souligne Régine Boutin, la coordinatrice de l’atelier “santé ville”. Elles sont réitérées régulièrement ou inscrites dans la durée, car nous savons que c’est le meilleur moyen pour qu’elles portent leurs fruits".

Enfin, de nombreuses opérations de prévention sont menées en collaboration avec le tissu associatif drancéen. C’est ainsi que l’association Les Fleurs d’Aurore organise des actions de sensibilisation au cancer du sein ou qu’elle propose des initiations à l’activité physique pour les personnes en rémission. L’activité physique adaptée est en effet son coeur de métier. Depuis 2015, Les Fleurs d’Aurore proposent des ateliers hebdomadaires gratuits sur prescription médicale, ayant pour objectif la prévention du surpoids, des maladies cardio-vasculaires ou du cancer du sein.