“Le sérieux de la vie ne s’applique pas ici”. C’est la maxime de Chris, qui refuse de se départir de sa joie de vivre, malgré la morosité ambiante. Il l’a même inscrite sur son comptoir. Artiste tatoueur installé à Drancy depuis bientôt dix ans, il est lui-même tatoué de la tête aux pieds. “Seuls 15 % de la surface de mon corps est libre de tatouages”, rigole-t-il ! Une vraie publicité vivante pour son activité. C’est tout jeune qu’il s’est pris de passion pour cet art. “C’est parce que je voulais être tatoué que je suis devenu tatoueur !, raconte encore cet ancien chauffeur-livreur. J’ai sympathisé avec Matthieu, qui tenait ce salon et m’a enseigné cet art. J’ai repris la boutique à son départ dans les Landes”. Depuis plus de trente ans, ce salon de tatouage est en effet une quasi-institution à Drancy.
Une hygiène irréprochable
Autodidacte, Chris, aujourd’hui âgé de 47 ans, était plutôt bon dessinateur dans sa jeunesse. Il griffonnait volontiers des BD comme Astérix, Gaston Lagaffe ou Picsou, les héros de son enfance. Il a bien sûr suivi une formation en prévention des risques infectieux avant de s’installer. Chez lui, on ne plaisante pas avec l’hygiène. Après un rasage, la zone à tatouer est nettoyée au savon bactéricide. Les aiguilles, “qui injectent l’encre entre le derme et l’épiderme à environ 2 mm sous la peau”, sont bien entendu à usage unique. Quant aux encres, 100 % végétales, elles répondent aux normes européennes récentes, tout en proposant une large palette de couleurs. Et s’il a débuté avec les anciennes machines à tatouer, plutôt lourdes avec leurs bobines et aimants, il reconnaît le côté pratique des stylos actuels. “C’est aussi moins douloureux pour les clients car il n’y a pas de vibrations”, explique le pro, qui conseille aussi l’application d’une crème cicatrisante juste après.
Tout est possible, ou presque
Dans une ambiance musicale permanente, Chris répond à toutes les demandes ou presque : “Je refuse les portraits car portraitiste c’est une autre catégorie de tatoueurs”. Sa spécialité, c’est plutôt le pop – culture, l’art floral, les cartoons et les mangas. “Les gens veulent souvent un dessin unique, mais ils viennent avec une idée trouvée sur Internet !”, remarque Chris.
Il joue parfois un peu les psys aussi. Un peu comme chez le coiffeur, sur son fauteuil, les langues se délient, d’autant qu’une séance peut durer plusieurs heures. Popularisé par les émissions spécialisées et par les héros de la téléréalité, le tatouage a le vent en poupe. Ses clients ? “Tous les styles, tous les âges, jusqu’à 70 ans... Sans doute une majorité de femmes”. Ce passionné a converti toute sa famille à l’amour de la peau encrée. Au salon, il est même secondé par son neveu, dit “Tag”. Il a toutefois coutume de dissuader les demandes incongrues ou trop osées. De même que ceux qui demandent à inscrire sur leur corps le prénom de leur conjoint. “D’expérience, ce sont les tattoos qu’on regrette le plus souvent”.