Rencontre

Un centenaire dynamique

Le 3 avril, André Albessard a soufflé ses 100 bougies. Aux côtés de son épouse Simone, sa cadette de deux ans. Dans le pavillon qui l’a vu naître, jouxtant les cafés Albessard & Fils, l’entreprise de son père où il a travaillé jusqu’en 1983.

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Il a l’œil qui pétille André quand on lui rappelle qu’il rejoint cette cohorte de happy few que sont les centenaires. “Les centenaires se ramassent à la pelle...”, fredonne-t-il, entouré de sa femme et de son fils Gilbert. Il a gardé son humour : “j’aime tout de la vie, sauf la dispute ! Les sourires, les blagues, les réunions de famille...” Né 5 ans après la Première Guerre mondiale, André Albessard est de cette génération qui a voué sa vie au travail. Son fils, Gilbert, en témoigne : “Toute mon enfance, j’ai vu mon père et son frère Raymond travailler dans l'entreprise de mon grand-père avec des horaires à rallonge”. Dès l’âge de 14 ans, il s’implique dans l’entreprise paternelle.

Ambassadeur des cafés Albessard

Gustave, son père, étameur de formation, travaillait avec les cafetiers auvergnats, sa région natale. Plutôt que de réparer leurs percolateurs, comme il avait commencé à le faire, il se met en tête de les fabriquer, et fonde la Maison Albessard en 1920, installée rue Gambetta. Jusqu’en 2007, tout le quartier embaumait des senteurs de café, car l’atelier de chaudronnerie s’était, 40 ans plus tard, diversifié dans la torréfaction, afin de proposer une offre complète aux brasseries des Auvergnats de Paris. “Le baratin qu’il fallait avoir quand ils me disaient “votre café, c’est de la lavasse !” pour négocier le prix”, se rappelle le centenaire. De 2 kilos, la production est passée à 6 tonnes en 20 ans et la Maison employait alors 12 personnes. Elle sera revendue à une entreprise de maçonnerie à la fin des années 2000.

Paradoxe pour André, qui a pris sa retraite à 60 ans, en 1983, il n’a jamais bu le breuvage qu’il vendait car “c’est un excitant trop fort pour mon organisme”. André rencontre Simone tout jeune, une coiffeuse et voisine. Mariage à Drancy en 1944, “sous les bombes, on a fini la journée aux abris”, relève Simone, qui travaillera elle aussi dans l’entreprise familiale. Ils auront deux enfants. Josiane en 1946, retraitée de la fonction publique et Gilbert en 1948, ancien médecin rhumatologue. Ce Drancéen, qui rend visite à son papa tous les jours, a eu deux fils. Si bien qu’André n’a que deux petits-enfants, des quadras. “Les jeunes ne donnent plus la priorité à fonder une famille”, constate le centenaire.

Une bonne hygiène de vie

Simone, qui vient de fêter ses 98 ans, est toujours une parfaite maitresse de maison, qui veille sur son bien-aimé. Car André commence à accumuler les pépins de santé : la vue et l’audition ont décliné, la marche est devenue très difficile. Mais il y a 10 ans, il enfourchait encore régulièrement son vélo de course. Il assistait aussi à tous les matches de la JAD. “Le club m’a même offert un maillot de foot à mon prénom pour mes 90 ans”, raconte-t-il. Un peu de sport donc, mais aussi une bonne hygiène de vie : André n’a jamais touché une goutte d’alcool ni une cigarette de toute sa vie. Il sera en forme pour le prochain anniversaire : ses 79 ans de mariage, le 3 mai.