Être propriétaire est une ambition pour beaucoup, afin d’habiter son propre logement et ne plus payer de loyer, ou pour le transformer en source de revenus. Mais attention, c’est aussi un poste de dépenses dont il faut tenir compte. Ne plus payer ses charges, laisser son habitation ou les parties communes se dégrader peut se transformer en une spirale de déconvenues.
Pris dans l’engrenage
Prenons l’exemple d’un assez bel immeuble, le 90 rue Roger Salengro. Un escalier qui se détériore, des propriétaires qui ne paient plus les charges, un syndic pas très honnête qui démissionne, une toiture qui se dégrade d’où coule une grosse fuite qui traverse rapidement les étages en crevant les planchers : en quelques années, l’immeuble devient dangereux.
Un locataire le signale alors au service Hygiène de la mairie qui entreprend des démarches auprès des propriétaires afin qu’ils réalisent les travaux nécessaires. Ce qui n’est pas fait, même si un nouveau syndic, bien plus sérieux, a pris la relève. En 2019, la sanction tombe, malgré les relances, lorsqu’un arrêté de péril est émis par la mairie. C’est alors que chacun découvre une triste réalité.
Dépenses en cascade
Dès lors, plus aucun loyer ne peut être perçu dans tout l’immeuble ; les locataires des trois appartements concernés par la fuite doivent être évacués et relogés aux frais de leurs propriétaires. Dans ce cas précis, c’est la Ville qui a procédé à l’hébergement temporaire des locataires. Ces derniers auront bien entendu à rembourser, pour leur appartement, les frais engagés par la Ville pour les travaux nécessaires à la levée du péril et tous les propriétaires, selon leur quote-part, pour la rénovation électrique des parties communes et la réhabilitation de la charpente. Enfin, les locataires ayant été définitivement relogés ailleurs, il faudra passer par un nouveau permis de louer qui ne pourra être obtenu qu’après certains travaux de la part de chaque propriétaire pour son bien. La Ville en effet ne réalise strictement que ceux mentionnés dans l’arrêté de péril. Autrement dit : ne pas entretenir ses propriétés est un très mauvais calcul.
Une capacité d’action
Ce type d’opération n’est pas rare à Drancy. « Il faut dire, explique Yasmina Bellara, directrice du pôle hygiène et sécurité, que nous avons dans notre ville l’un des budgets les plus importants du département consacré à la lutte contre l’habitat indigne. Nous faisons toujours notre possible pour, en amont, prévenir, arranger, chercher des solutions réalistes pour tous. Mais lorsqu’il faut se substituer aux propriétaires, nous en avons la capacité. Dès lors qu’il y a un danger pour la sécurité des occupants, nous intervenons immédiatement et contrairement à d’autres collectivités, nous nous substitutions systématiquement à la défaillance des propriétaires pour héberger d’urgence les locataires en cas d’évacuation ». L’opération de la rue Salengro aura coûté 265 000 euros en travaux de substitution. Au final, payé par les propriétaires.