Parce qu’elles ont du mal à en parler spontanément, le médecin généraliste est souvent la première personne à détecter les situations de violences conjugales. En France, une femme sur dix en est victime. Une ampleur qui révèle un réel problème de santé publique, aux conséquences à la fois sanitaires et économiques. Ce phénomène, Olivier Barclay, coordinateur du CMS Henri Wallon, y a été confronté dès ses études. « Alors que j’étais encore étudiant en médecine, notamment durant mes stages aux urgences de l’Hôpital Avicenne, on accueillait tous les soirs une à deux femmes victimes de violences ».
Les différentes formes de violences
- psychologique (humiliation,dévalorisation, contrôle,isolement) ;
- verbale : menaces, insultes, cris,injures ;
- économique : contrôle dubudget familial, entrave au travailextérieur ;
- physique : agressions physiques ;
- sexuelle : viols ou humiliations aucours du rapport.
Un processus cyclique à l'œuvre
- montée de la tension : lapersonne victime vit dans unclimat d’angoisse et de peur ;
- crise et agression : c’est souventen période de crise qu’unedemande d’aide est exprimée ;
- justification de l’homme avecsentiment de doute chez lavictime ;
- rémission où la victime reprendespoir et l’auteur tente de renouerla relation («lune de miel»).
Identifier les victimes
Comment identifier les violences lorsque la victime sous-estime le problème et sa gravité, que l’entourage ne les voit pas et que l’auteur nie sa responsabilité ? « Au CMS, les victimes de violences conjugales viennent souvent sans rendez-vous a constaté Olivier Barclay. Elles ne parlent pas directement des violences mais évoquent des disputes et des situations de conflit à la maison ». Des femmes qui présentent des symptômes à la fois physiques et psychologiques. « Lésions cutanées, hématomes et fractures, associés à un état de stress, de l’anxiété, de l’angoisse, du déni et un sentiment de culpabilité », énumère le médecin.
Une mission d’écoute et de conseil
Face aux victimes, le médecin généraliste doit opposer ouverture, neutralité, empathie et disponibilité. « Notre but est d’abord de faire en sorte que la patiente s’exprime, qu’elle sache qu’elle a un espace de parole et de confidentialité », explique le docteur Barclay. « Souvent, elles ne savent pas quoi faire. Nous les orientons vers les structures sociales qui peuvent les aider et nous leur recommandons de porter plainte, ce qu’elles refusent très souvent ». Pour autant, le médecin établit systématiquement un certificat médical. Un document fondamental en cas de dépôt de plainte, puisqu’il permet d’appuyer le récit de la victime, face à un auteur reconnaissant rarement les faits.