Quelle est la genèse de votre documentaire ?
Ça s’est fait comme la méthode "Réconciliations" : de manière improvisée. Chaque fin d’année scolaire, mon collègue David Benoît et moi-même invitons les familles des élèves et prononçons un discours. On s’est dit, pourquoi ne pas faire une vidéo souvenirs de l’année ? On a commencé par filmer les moments importants comme les premiers appels et les premières rencontres avec les parents. Et au bout d’un mois, nous avons demandé aux élèves si nous pouvions filmer quelques cours. Ils ont tout de suite adhéré et ont même souhaité tenir un carnet de bord. C’est un film collectif ! Ce projet était destiné à rester interne. Des producteurs de cinéma en ont entendu parler, nous ont fait part de leur intérêt, ont étudié la version originale et nous ont proposé de reconstruire le film de façon professionnelle. Les parents et les élèves ont été emballés.
La bande-annonce dévoile deux environnements forts : le travail et le côté relationnel avec les lycéens. Est-ce deux piliers fondamentaux de la méthode ?
Il y a un passage sur une sortie que nous faisons chaque année pour féliciter les élèves de leurs efforts. Mais le cœur de notre méthode d’enseignement est la relation de confiance que nous avons avec les parents des lycéens. Nous leur proposons d’entretenir un suivi régulier de la progression de leur enfant, et les règles que nous allons lui imposer. S’ils sont avec nous à 100%, leur soutien me permet d’avoir le moyen de mes ambitions. Les élèves se sont habitués à faire des bêtises car il y a une absence de conséquences. Ici, les bons comportements sont encouragés et félicités et les mauvais sont sanctionnés grâce à cette alliance parents-prof.
Quel est le message que vous souhaitez passer à travers ce film ?
Il y a deux enjeux. L’enjeu principal est de démocratiser cette méthode. Il y a de plus en plus de professeurs qui l’essaient, et avec qui ça marche bien ! On cherche par ce film à donner envie aux professeurs en souffrance d’essayer la méthode. Depuis trois ans, j’ai eu environ 300 collègues qui m’ont contacté pour obtenir les outils de la méthode. 200 l’ont adoptée et en sont satisfaits Le deuxième enjeu est de donner une image de Drancy qui corresponde davantage à ce qu’est Drancy. Ce n’est pas un film Marvel mais c’est un film sincère et fidèle à ce qui se passe dans notre ville. Les personnages principaux du film sont les élèves qui ont grandi ici, ce sont les familles. On suit le quotidien d’adolescents, qui font parfois des bêtises, qui ont des rêves comme tous les ados... Ce sont des représentants de l’humanité ! Et en plus de ça, ils ont des caractéristiques propres au 93 qui les rendent encore plus beaux, encore plus forts ! Il y a le rapport à la religion qui est présente pour beaucoup d’entre-eux, leur attachement à la culture hip-hop, leur sens de la débrouille, ils ont aussi beaucoup d’humour et de répartie ! On espère que ce projet sera une forme d’hommage à ces familles et ces élèves extraordinaires qui vivent à Drancy.