Vous avez peut-être croisé au printemps 2021 une femme qui se promenait dans la ville, le nez en l’air et l’oreille aux aguets, équipée de jumelles, d’un carnet et d’un stylo. Il s’agit de Gwenaelle Personnic, ornithologue à la Ligue de protection des oiseaux (LPO). C’est elle qui a réalisé l’inventaire des espèces présentes dans notre ville, accompagnée par un agent du service du développement durable.
Identifier les espèces
Cet inventaire s’inscrit dans le cadre de la convention pluriannuelle signée par la Ville en septembre 2020 avec la LPO. Il vise à bien connaître la diversité des oiseaux que l’on peut trouver sur les 776 hectares du territoire drancéen.
Pour les identifier, la LPO avait établi 18 points d’écoute répartis dans les 9 quartiers de la ville ; car un oiseau, cela s’entend bien avant d’être vu, notamment en période de pré nidification et nidification, entre les mois de mars et de juin, lorsqu’ils chantent assidûment pour séduire ou affirmer leur territoire. À l’issue de ses observations, l’ornithologue a ainsi pu identifier 35 espèces qui nichent à Drancy, dont 10 patrimoniales, c’est-à-dire considérées par les scientifiques et les conservateurs comme importantes, pour des raisons écologiques, scientifiques ou culturelles. Parmi elles, la Fauvette des jardins, le Roitelet huppé, la Linotte mélodieuse ou encore le Faucon crécerelle.
Nicher en ville
À Drancy comme ailleurs, tous les volatiles ne logent pas à la même enseigne ! Tandis que certains, comme le Martinet noir, le Moineau domestique ou le Pigeon apprécient de résider dans les cavités des bâtis, d’autres comme le Pouillot fitis ou le Verdier d’Europe préfèrent s’installer dans les friches et les strates buissonnantes. D’autres encore apprécient davantage les environnements aquatiques, à l’instar de la Gallinule poule-d’eau ou de la Bernache du Canada, que l’on peut observer aux abords de l’étang de Ladoucette. À lui seul, le parc du château accueille 21 espèces d’oiseaux différentes. Une nouvelle réjouissante alors qu’à l’échelle de la France, la population des oiseaux des villes a décliné de près de 30% en 30 ans, faisant plus que jamais de la préservation de leur habitat une priorité.
Préserver l’habitat
Et pour cause ! "Comment faire imaginer [...] une ville sans pigeons, sans arbres et sans jardins, où l’on ne rencontre ni battements d’ailes, ni froissements de feuilles : un lieu neutre pour tout dire ?", se demandait Albert Camus dans La Peste. Pour éviter un tel scénario, la LPO émet des préconisations à travers 3 principaux axes d’action :
- Le premier porte sur l’entretien des espaces verts. Adapter les périodes d’intervention sur les arbres et les arbustes permet d’éviter le dérangement de la faune pendant des périodes critiques. De même, pratiquer la gestion différenciée des espaces permet de laisser des refuges pour les animaux.
- Le second axe d’action est relatif à l’amélioration et la création de milieux favorables, considérées par l’association comme une absolue nécessité.
- Enfin, le troisième axe d’action vise à favoriser l’accueil et la reproduction de la faune. Cela passe notamment par l’installation et l’entretien de nichoirs, comme Drancy s’y adonne avec l’opération 2000 nichoirs, mais aussi par la conservation des cavités présentes dans les murs de certaines maisons.
Dans ce contexte, il est à espérer que les Drancéens présents et futurs conservent le goût de l’ancien. Les belles meulières et leurs habitants à plumes leur en sauraient gré.