Éducation

Un garage à Pierre Sémard

Au sein de la SEGPA, la section d’enseignement général et professionnel adapté du collège Pierre Sémard, les élèves troquent cahier et stylo contre un bleu de travail et un tournevis. Reportage au sein de leur garage, où ils réparent deux roues et autres engins électriques et mécaniques.

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Dans la cour du collège Pierre Sémard, rien n’indique la présence d’une salle de classe un peu particulière. Pourtant, lorsqu’on en pousse la porte, on se retrouve nez à nez avec Mike et Mina, un binôme en bleu de travail qui s’affaire autour d’un quad. Non loin de là, leur professeur, Youssef Khabaz, supervise les manœuvres. "Mettez des gants !", rappelle-t-il aux élèves, chargés ce matin-là de remplacer un kit de chaîne sur l’engin. Comme tous les élèves de 3e1, ils participent tous les mardis, à l’atelier professionnel qu’ils ont choisi en début d’année. Si certains ont opté pour la Maintenance des véhicules électriques (MVE), d’autres ont orienté leur choix vers l’atelier d’Hygiène alimentation service (HAS).

Un espace professionnel

L’espace s’ouvre sur un atelier où se côtoient, sur et autour des établis, scooters, vélos, quads et même un tracteur-tondeuse en attente de réparation. Au fond de la pièce, d’autres portes desservent une salle de classe dotée d’une dizaine d’ordinateurs – où les élèves font des recherches et rédigent leur rapport de stage – et deux réserves remplies de vélos, d’outils et de matériel.

L’ensemble fonctionne comme une petite entreprise. Moyennant 10€/heure, le chaland peut y déposer n’importe quel engin à réparer. Un devis est réalisé, une facture est ensuite établie. La rémunération se fait en liquide, directement reversée sur le compte de la Segpa. "L’idée est d’apporter un savoir-faire aux élèves, explique Youssef Khabaz. Au bout de 2 ans de pratique, entre la 4e et la 3e, ils savent réaliser des opérations de maintenance simples, comme la vidange et le remplacement de pneumatiques, de plaquettes de frein ou de filtres. Mais l’objectif principal est de les aider à trouver une orientation professionnelle".

Adapter l’enseignement

Dès la 6e , une quinzaine d’élèves sont orientés, avec l’accord des parents, vers la SEGPA, une section d’enseignement destinée aux élèves dont les difficultés scolaires n’ont pas pu être résolues en primaire. Des difficultés qui peuvent être liées à des troubles de la concentration, de la mémorisation ou encore, à de la dyslexie. Par son mode de fonctionnement, la classe SEGPA va pallier ces difficultés. Les élèves s’y trouvent en nombre réduit et bénéficient d’une pédagogie adaptée qui leur permet de suivre le même enseignement général que les autres.

Avec ses ateliers, la classe favorise par ailleurs l’orientation professionnelle. En 4e , les élèves participent à un atelier d’une demi-journée par semaine, à 2 heures de découverte professionnelle et à un stage de 3 semaines. L’année suivante, ils choisissent leur atelier en fonction de leur projet professionnel. Ils y passeront 1 journée par semaine, en plus de 4 h de découverte professionnelle et d’un stage de 6 semaines.

S’épanouir en apprenant

Les mécaniciens en herbe de la 3e 1 sont satisfaits de leur classe. "On est moins nombreux et on a une très bonne cohésion dans la classe !", se réjouissent-ils. Certains se souviennent vaguement de quelques moqueries à leur entrée au collège, mais tout cela n’est plus que de l’histoire ancienne. D’ailleurs, ils ont eu la possibilité de rejoindre la filière d’enseignement générale en fin de 6e. Rares sont ceux qui en ont fait le choix. "En SEGPA, on a beaucoup plus d’autonomie, explique Enzo. On apprend mieux et il y a plus de stages qu’en générale". De son côté, Sania apprécie qu’on lui laisse le temps de poser beaucoup de questions. "J’ai des difficultés mais le professeur est toujours prêt à m’expliquer", confie-t-elle. À tout juste 15 ans, ces jeunes savent déjà bien où ils veulent aller. Mathisse souhaite devenir paysagiste, tandis qu’Enzo a déjà prévu d’intégrer un lycée professionnel à Alfortville, en vue de travailler dans le domaine de l’énergie. Mina, quant à elle, souhaite s’orienter vers l’optique.
Des rêves qui, grâce à leurs efforts, leur assiduité et un accompagnement adapté, sont plus que jamais à portée de main.

 

 

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